lundi 27 décembre 2010

Bonus Malus écologique : propositions pour un dispositif plus efficace, plus juste & mieux équilibré.




Le Journal Officiel de dimanche 26 décembre 2010 publie les nouvelles conditions d'aide à l'acquisition de "véhicules propres" (sic). Cf plus bas.

Bref commentaire aux propos de Yann Wehrling responsable de l'environnement au sein du Shadow Cabinet.

En 2009, plus de 500 millions d'euros ont été prélevés sur le budget de l'État pour équilibrer le Bonus-Malus automobile -- 700 millions de Bonus ont été versés contre seulement 200 millions de recette Malus.

Il n'est pas acceptable que l'État équilibre le Bonus Malus écologique alors que son propre budget est en déficit de 150 milliards cette année -- 1.800 milliards de déficit cumulé !

Par construction, le Bonus-Malus doit être équilibré. Ce n'est pas en décalant de 5 à 15 grammes de CO2 les taux d'émission des véhicules qu'on arrivera à rétablir l'équilibre. Les mesures cosmétiques de Nathalie Kosciusko-Morizet ne permettront pas de rétablir l'équilibre nécessaire. Rendez-vous dans un an pour s'en rendre compte.

Cliquer pour lire le graphique

Au delà de l'ajustement nécessaire des Malus souligné par Yann, je vois pour ma part trois dispositions qui permettraient d'atteindre un meilleur équilibre du Bonus-Malus -- et pourquoi pas un excédent pour le budget de l'État ?

PROPOSITION n° 1

D'abord, éviter ou amoindrir les effets d'aubaine.
L'achat de petits véhicules urbains correspond à une demande spécifique de certaines familles qui utilisent peu les transports en commun, par contrainte ou par préférence. Typiquement, les familles qui ont deux voitures ou plus : l'une choisie pour partir en week-end et en vacances, parfois à usage semi-professionnel et l'autre pour les usages plus quotidiens.

Ne serait-il pas préférable de soumettre le tau
x de Bonus à la situation fiscale des familles ? Il suffirait par exemple de déclarer le Bonus dans sa déclaration d'impôt. Le bonus resterait ainsi acquis en totalité pour les foyers les plus modestes (un foyer sur deux est non imposable) et serait soumis au taux marginal de l'impôt, de 5,5% à 41% maximum pour les foyers les plus aisés.

La production d'une voiture émet entre 5 et 6 t
onnes de CO2 en Europe, entre 7 et 10 aux États-Unis ou au Japon. Il faut en tenir compte pour estimer le bénéfice écologique réel de l'achat d'une nouvelle voiture. Cinq tonnes de CO2 équivaut à 50 gr/km sur 100.000 kilomètres.

Dès lors, acheter une voiture neuve tous les 3 ans, tous les 5 ans ou tous les 10 ans n'est pas neutre du point de vue du bilan carbone. L'ACV -- analyse du cycle de vie -- d'un véhicule impacte les émissions de CO2 aussi sûrement que la consommation de son moteur. Alors limitons l'effet d'aubaine de l'achat des nouveaux véhicu
les en déclarant fiscalement les éventuels Bonus dans les revenus accessoires des ménages.

PROPOSITION n° 2

Si l'objectif du Bonus Malus est de faire baisser les émissions de CO2 des transports individuels, n'est-il pas curieux d'octroyer le Bonus pour l'achat d'un 2ème voire d'un 3ème véhicule ?

Pour éviter cet effet pervers, dans pareil cas, il suffirait de n'accorder le Bonus qu'au remplacement du véhicule le plus polluant détenu par le ménage. Autre solution : réduire de 30% le Bonus du 2ème véhicule et de 50% le Bonus des suivants.

PROPOSITION n° 3

Enfin, ne faudrait-il pas revoir les 5.000 euros d
e Bonus pour les véhicules électriques ? L'offre Renault ne va être déployée commercialement qu'au courant de l'année 2011 (Zoé, Fluence). Le bonus de 5.000 euros est sans rapport avec le bénéfice environnemental réel d'une voiture électrique : elle ne consomme pas moins d'énergie qu'une voiture à essence et son bilan carbone n'est favorable que dans les pays qui ont massivement recours au nucléaire pour produire leur électricité.

En Allemagne par exemple, une voiture électrique émet plus de CO2 qu'une voiture à essence en raison de la source primaire de l'électricité allemande : pétrole, gaz et charbon. Par ailleurs, l'uranium brûlé dans les centrales nucléaires n'est pas une énergie renouvelable.

Il reste aussi que la production et le recyclage des batteries nécessite beaucoup d'énergie et des métaux rares, difficilement recyclables.

Un Bonus limité à 2.000 ou 3.000 euros correspondrait mieux au bénéfice environnemental réel d'une voiture électrique. Pourquoi faudrait-il attendre fin 2011 ou fin 2012 pour s'en apercevoir ?

D'ici là, le budget de l'État aura encore été grévé de plus d'un milliard d'euros pour financer un Bonus Malus qui devrait s'équilibrer tout seul !

MISE À JOUR du 1er JANVIER 2011

Selon Nathalie Kosciusko-Morizet, le bonus-malus écologique est "une mesure qui marche". Ainsi donc, selon la ministre, il semble normal que l'État (les contribuables) ait consacré 1,3 milliards d'euros à l'équilibre du système entre début 2008 et oct. 2010 !

Le succès d'un dispositif écologique se mesurerait-il à l'ampleur du déficit qu'il génère pour le budget de l'État ? C'est insensé, on nage vraiment dans le grand n'importe quoi.
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samedi 18 décembre 2010

Pourquoi je n'ai pas approuvé la réforme des statuts du Mouvement démocrate.


Ayant voté contre la réforme des statuts du Mouvement démocrate lors du Congrès du 12 décembre, je dois une rapide explication de vote aux militants bas-rhinois qui m'ont élu à la Conférence nationale en septembre 2008.

À l'article 18 traitant des investitures aux élections, il a été proposé de supprimer l'alinéa suivant :

Toute investiture donnée par le Mouvement Démocrate implique la consultation exprimée par un vote des adhérents selon des modalités fixées par le règlement intérieur. »

Assurément, cet article méritait d'être revu et précisé dans sa rédaction, tant il avait déjà donné lieu à interprétation conflictuelle par le passé. Mais fallait-il pour autant effacer toute garantie statutaire à l'implication des adhérents pour les investitures ?

Comme membre de la Conférence nationale -- seule instance habilitée à modifier nos statuts selon l'article 21 de nos statuts -- j'ai souhaité amender la proposition du Conseil National en remplaçant cet alinéa litigieux par les deux alinéas suivants, en gras ci-dessous :

Article 18 — Investiture aux élections :

Pour toutes les élections, la stratégie est définie par le Conseil national. (inchangé)

Les investitures aux élections européennes, nationales et locales sont données par le Conseil national, après consultation des Mouvements départementaux concernés et sur leur proposition. (inchangé)

À l'échelon départemental, pour les élections municipales, cantonales et législatives, les investitures proposées par les Mouvements départementaux résultent de la consultation locale des adhérents selon des modalités définies par le Règlement intérieur.

Aux échelons plus vastes que le département, pour les élections européennes, régionales ou territoriales de listes, les investitures données par le Conseil national sur proposition des Mouvements départementaux sont soumises à l'approbation (oui, non ou blanc) de l'ensemble des adhérents appartenant à la circonscription d'élection.

Etc. La fin de l'article est inchangé.

Comme élu à la Conférence nationale, je n'ai pu défendre cet amendement visant à garantir et à préciser la consultation des adhérents pour les investitures aux élections locales. Malgré mes demandes répétées, le secrétariat de séance du Congrès a refusé de me donner la parole pour défendre cet amendement.

De plus, et en infraction à l'article 21 de nos statuts, la Conférence nationale n'a pas pu débattre des modifications statutaires proposées par le Conseil national.

Pour ces deux motifs, de forme et de fond, je n'ai pu que voter contre la réforme des statuts. La consultation des adhérents pour les investitures aux élections a donc tout simplement été supprimée des statuts du Mouvement démocrate.

Les nouveaux statuts ont été adoptés sans aucun débat, à une très large majorité moins 7 votes contre & 12 abstentions.

Ci-dessous, texte comparatif des modifications statutaires avant et après le 12 décembre 2010.

samedi 4 décembre 2010

Stupeur à Cancun : le Protocole de Kyoto volera-t-il en éclat ?


CANCUN décembre 2010
:

Ottawa et Tokyo porteront-elles le coup de grâce au protocole de Kyoto ?

Avec le protocole de Kyoto signé le 11 décembre 1997, les pays développés reconnaissaient leur responsabilité historique dans l'augmentation des gaz à effet de serre observée depuis plus d'un siècle -- à l'exception notable des États-Unis, non signataires.

La clé d'un accord international sur le climat réside à l'évidence dans l'équilibre de l'effort entre les pays (déjà) développés, les pays émergents et les pays en voie de développement.

Dès lors, j'interprète Copenhague non pas comme un fiasco comme il est souvent dit, mais plutôt comme un acquis politique essentiel pour l'avenir : les pays émergents sont montés sur la table et ont décidé de ne pas -- de ne plus -- se laisser manipuler par les pays développés.

Le relatif échec de Copenhague était donc pour moi (et contrairement à d'autres) un gage pour les succès à venir, chaque partenaire étant considéré dans son histoire industrielle, USA mises à part, aussi bien que respecté dans son potentiel de développement futur.

La remise en cause du protocole de Kyoto serait donc une terrible nouvelle pour les émissions de gaz à effet de serre.

Si les pays développés devaient renier ou ne pas reconduire cet accord, ils ruineraient instantanément tout effort de modération de la part des pays émergents ou en développement.

Sur le plan international comme sur le plan intérieur, il n'existe aucun espoir de progrès sans justice, sans une répartition équitable des efforts pour sauvegarder nos intérêts communs.

Espérons que le Canada et le Japon sauront se ressaisir.

Ci-dessous, archives INA de décembre 1997 sur Kyoto :




lundi 29 novembre 2010

« L’homme n’est pas l’ennemi de la nature » — Sylvie Brunel, géographe.

Un bateau déverse sable et gravier dans la mer au large des Pays-Bas.
La technique permet de renforcer les digues qui protègent le pays
des inondations depuis des siècles. (Peter Dejong/Keystone)

Entretien de Sylvie BRUNEL dans Le Temps :

Une poignée de géographes français s’élèvent contre le catastrophisme et la démonisation de l’homme véhiculés par une certaine écologie.

Rencontre avec Sylvie Brunel, de la Sorbonne

La catastrophe serait imminente. A en croire certains prophètes de malheur, l’homme aurait une action si nuisible sur la nature qu’il serait en passe d’en détruire les grands équilibres et de compromettre ses propres moyens d’existence sur Terre. « Pas si vite ! Le pire est loin d’être sûr », leur répondent aujourd’hui une poignée de géographes français dans un livre intitulé Le ciel ne va pas nous tomber sur la tête. Ancienne présidente de l’ONG Action contre la faim et directrice du master « Mondialisation, pays du Sud et développement durable » à l’Université de la Sorbonne, à Paris, Sylvie Brunel défend l’esprit de l’ouvrage* qu’elle a codirigé.

Le Temps : L’homme prépare-t-il le terrain à de grandes catastrophes environnementales ?

Sylvie Brunel — L’être humain a un impact très important sur la planète. Aux yeux des géographes, il n’existe pas de milieu qui n’ait été transformé par lui. Cette influence découle de son exceptionnelle faculté de transformer son environnement et de son extraordinaire croissance démographique – on est passé d’un milliard d’individus en 1800 à sept aujourd’hui, en attendant d’atteindre les neuf milliards autour de 2050. Mais faut-il pour autant parler de catastrophe ? Telle est la question. Et c’est là que les géographes se désolidarisent des écologistes. De notre point de vue, cet impact n’est ni négatif, ni irrémédiable.

Le Temps : N’existe-t-il pas une contradiction entre l’appétit illimité de l’homme et les ressources limitées de la planète ?

Sylvie Brunel – Vous raisonnez comme si la nature constituait un certain stock de ressources dans lequel l’homme se contenterait de puiser. Cette perception peut se vérifier dans un petit nombre de cas, comme celui des ressources fossiles – charbon, gaz et pétrole – qui sont à la base de la dernière révolution capitaliste. Mais elle se révèle généralement erronée. Les écosystèmes sont en évolution perpétuelle. Et l’homme peut créer de la ressource. Il peut substituer du capital construit à du capital naturel, en produisant lui-même de la biodiversité, par exemple, chaque fois qu’il le juge souhaitable ou nécessaire. On ne peut pas opposer une nature qui serait par essence prodigue, bienveillante et positive à une humanité qui serait proliférante, nuisible et destructrice. La réalité est beaucoup plus complexe. Il existe un grand nombre de territoires qui ont été aménagés dans un sens positif, de la réintroduction des mangroves au Vietnam à la construction des polders aux Pays-Bas, en passant par la réhabilitation de zones considérées comme désertiques comme la Camargue. L’homme n’est pas l’ennemi de la nature.

Le Temps : Il est tout de même responsable de la disparition d’un certain nombre d’espèces…

Sylvie Brunel – Les écologistes ont raison d’attirer l’attention sur les menaces et de travailler à l’élaboration de réglementations. Il ne faut pas oublier cependant que la nature est elle-même très destructrice. Un espace livré à lui-même est envahi de végétaux et d’animaux qui en éliminent d’autres au détriment de la biodiversité. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent des espèces qui existaient il y a quelques millions d’années ont d’ailleurs disparu. Quant à l’homme, s’il détruit des espèces, il tend aussi à être régulateur et créateur de biodiversité. Ce qu’il a prouvé à moult reprises dans sa pratique de l’élevage et de l’agriculture. Pensez au nombre d’espèces de chiens, de choux ou de blés nées de son initiative. La biodiversité ne s’exprime pas seulement là où la nature est laissée à elle-même mais aussi là où elle est en forte interaction avec l’homme. Ce qui me gêne dans un certain discours écologiste, c’est sa vision systématiquement négative, déprimante et accusatrice de l’action humaine sur la planète.

Le Temps : Nous avons parlé de la biodiversité. Que pensez-vous de l’action de l’homme sur le climat ? N’y a-t-il pas de raison de s’en inquiéter ?

Sylvie Brunel – Les changements climatiques ont toujours existé. L’histoire de l’humanité n’est qu’une longue adaptation à l’assèchement, aux pluies, au froid, à la chaleur. Ce défi prend des allures nouvelles du fait de la rapidité du réchauffement en cours et de la masse des populations qui se trouvent dans des endroits à risque. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour tenir un discours de la peur et de la dénonciation de groupes particuliers, comme le fait Al Gore dans son film Une Vérité qui dérange.

Le Temps : Que reprochez-vous à ce discours ?

Sylvie Brunel – La mobilisation actuelle en faveur de l’environnement est justifiée dans le sens où nous ne pouvons plus considérer, comme par le passé, que nous nous trouvons dans un espace aux ressources infinies et qu’on peut gaspiller et polluer comme on l’entend. Cela dit, elle pose deux problèmes. L’inquiétude écologique est d’abord instrumentalisée par des structures diverses, des entreprises, des partis politiques, des organisations militantes, qui voient en elle un moyen de servir leurs intérêts particuliers en se ralliant des consommateurs, des électeurs ou des sympathisants. Elle revient ensuite à mettre l’accent sur des dangers futurs au nom de tiers absents, les générations à venir, alors qu’il existe dans le monde d’aujourd’hui d’énormes problèmes à régler immédiatement, à commencer par le manque d’eau potable et de nourriture en suffisance, dont souffrent un milliard de personnes.

Le Temps : N’est-il pas important de prévenir des catastrophes futures ?

Sylvie Brunel – Pour autant que ces catastrophes soient à peu près certaines. Or, ceux qui annoncent ce genre de désastres se trompent plus souvent qu’à leur tour. Leur ancêtre, Malthus, avait expliqué à la fin du XVIIIe siècle que le développement de la production agricole n’avait aucune chance de suivre la croissance démographique, ce qui a été totalement démenti par les faits. Plus près de nous, le Club de Rome, qui a réuni des scientifiques éminents, a annoncé en 1972 l’épuisement des réserves de gaz et de pétrole avant la fin du XXe siècle. A tort également. Ces Cassandre commettent tous la même erreur. Ils s’appuient sur une situation présente pour réaliser des projections de manière mécanique sans tenir compte de paramètres comme le progrès technique ou les changements de comportement, qui ont pourtant, siècle après siècle, changé systématiquement la donne.

Le Temps : A qui profite le discours écologiste catastrophiste ?

Sylvie Brunel – Il profite tout d’abord à notre système économique. Le capitalisme a toujours cherché de nouvelles sources de profit. Or voici que, au moment où les habitants des pays industrialisés voient leurs besoins globalement satisfaits, ce discours vient leur dire que leurs biens, jugés dangereux pour la planète, doivent être remplacés par d’autres, plus propres et plus chers. Quelle aubaine !

Le Temps : Et qui ce discours dessert-il ?

Sylvie Brunel – Il lèse les petites gens. Alors que les géographes croient en la capacité de l’humanité à s’adapter au changement climatique, le discours catastrophiste insiste sur la nécessité d’empêcher autant que possible le réchauffement en limitant les rejets de gaz à effet de serre. Or, ce faisant, il attise une guerre entre les riches et les pauvres. Au niveau global entre les pays industrialisés, qui prônent la réduction des émissions et se battent pour contrôler le marché des technologies vertes, et les pays émergents, qui souhaitent privilégier les stratégies d’adaptation mais ont mille peines à obtenir les moyens financiers nécessaires. D’où de fortes tensions, comme il en a surgi lors de la conférence de Copenhague sur le climat. Au niveau local, les personnes modestes sont culpabilisées par les nantis qui ont la possibilité d’acheter des certificats de compensation carbone et de racheter ainsi leurs « écarts » comme on acquérait des indulgences au Moyen Age.

Le Temps : Les individus n’ont pas d’obligations de ce genre…

Sylvie Brunel – Certes, mais le système joue sur le désir des gens de bien se comporter et sur le sentiment de culpabilité de ceux qui n’y parviennent pas. Or, imaginez que vous êtes une mère de famille à revenu modeste, sans possibilité de compenser vos émissions. Vous êtes censée allaiter votre bébé, utiliser des couches lavables et éviter les trajets en voiture. Il s’agit là d’obligations très honorables, mais le temps consacré à les respecter interdit de s’adonner à des activités plus enrichissantes. Est-ce vraiment là ce que veulent les femmes ? Le discours catastrophiste a un caractère profondément régressif (il prétend que tout allait mieux avant) et discriminant (il est sensiblement moins contraignant pour certains que pour d’autres). Je ne suis pas contre les appels à la frugalité mais à condition qu’ils soient adressés prioritairement à ceux qui possèdent le plus.

* Le Ciel ne va pas nous tomber sur la tête, dirigé par Sylvie Brunel et Jean-Robert Pitte, Ed. JC Lattès, 2010.

Cancun, Mexico — Welcome !

Si Hulot continue comme cela, où va le conduire la radicalité de sa pensée ? Dire qu'il y a urgence, cela ne veut pas dire qu'il faut imposer. Le danger d'un certain argumentaire de la radicalité écologique, comme de la radicalité sociale, c'est de mettre entre parenthèses la démocratie. »
Daniel Cohn-Bendit



Vue d'hélicoptère de Cancun et de son 'pittoresque' front de mer. Post-moderne, surréaliste, à l'image du vacarme sur le climat : omniprésent dans les médias et dramatiquement absent du débat démocratique.



Dans les médias, « l'urgence climatique » se porte bien, elle y dégouline même juqu'à la Une des hebdos. Mais dans les choix démocratiques, ça coince -- ex. taxe carbone... Ne serait-il pas temps de poser les valises et de s'interroger sérieusement sur cet écart vertigineux entre les objectifs pharaoniques* et les avancées réelles, honorables mais presque insignifiantes ?

« L'urgence climatique » est-elle soluble dans la démocratie ?
Il faut changer de méthode, changer de logiciel.

* rappel de l'objectif européen : réduire de 30% l'émission des gaz à effet de serre en 2020, par rapport à ce qu'ils étaient en... 1990 !

dimanche 28 novembre 2010

L'usine à gaz du marché des quotas de CO2, suite et pas fin... Interview de Fabienne Keller.


Le marché des quotas de CO2 n'en finit pas de révéler ses imperfections. Après les fraudes à la TVA, après l'effondrement du marché et autres formes d'arnaques ou scandales (ex. : projets HFC-23) de nouveaux effets pervers apparaissent.

Certains industriels profitent de l'effet d'aubaine de la gratuité jusqu'en 2014 et préfèrent réduire leur activité pour revendre leurs droits d'émission non consommés. La vente de ces quotas d'émissions représenterait jusqu'à 15% de leur chiffre d'affaire.

Autrement dit, le marché des quotas de CO2 aboutirait à délocaliser des activités... Ne marcherait-on pas sur la tête ?

Pour corriger (ou rafistoler) cette anomalie, le Sénat a adopté, mercredi 24 novembre, un amendement au projet de loi de finances 2011, qui vise à faire payer aux industriels 10 % en moyenne de leurs quotas de CO2 dès 2011, alors que le marché carbone européen ne prévoit de rendre ces quotas payants qu'à partir de 2013.

Fabienne Keller, sénatrice UMP du Bas-Rhin, propose de réduire la quantité de quotas "alloués aux installations industrielles ayant fortement réduit leur activité". Elle s'en explique ci-dessous.

Reste une question fondamentale pour laquelle je n'ai toujours pas trouvé de réponse : pourquoi les quotas ont-ils été attribués gratuitement aux pays industrialisés jusqu'en 2014 ?
Cette faveur ne constitue-t-elle pas manifestement une concurrence déloyale à l'égard des pays en développement ?


Cliquer sur le logo pour accéder au site BlueNext.eu

Pourquoi vouloir anticiper la vente des quotas de CO2 ?

Fabienne Keller — La France a distribué très largement ses quotas aux sites industriels existants et a sous-évalué la réserve pour les nouvelles industries qui s'implantent en France et créent des emplois. Celle-ci est vide. Il n'est pas question de demander à ces entreprises d'acheter des quotas que l'on a distribués gratuitement à leurs concurrents. Cela va obliger la France à acquérir ces quotas sur le marché du carbone, créant un déficit de 400 millions d'euros pour 2011 et 2012.

Il faut donc trouver des financements. La proposition du Sénat en associe trois : rendre payants, dès 2011, de 5 % à 15 % des quotas pour les entreprises, en fonction de leur degré d'exposition à la concurrence internationale ; affecter à cette dépense la taxe intérieure sur la consommation finale d'électricité ; enfin, la récupération des quotas auprès des industriels qui ont réduit leur activité de plus de 25 % depuis 2007.

Pourquoi ajouter cette mesure ? Certains abusent du système ?

Fabienne Keller — Certaines entreprises y trouvent un effet d'aubaine : elles réduisent fortement leur activité, donc leurs émissions de CO2, mais continuent à recevoir le même volume de quotas gratuits, qu'elles revendent sur le marché. On parle de centaines de milliers de quotas à 15 euros l'unité ! Pour certaines entreprises, la vente des quotas de CO2 représente 10 % ou 15 % de leur chiffre d'affaires.

Le dispositif ne doit pas avantager les entreprises qui réduisent leur activité. Il faut éviter que le système des quotas encourage les délocalisations. Cet amendement empêchera de récompenser des entreprises comme la raffinerie Total de Dunkerque, qui transfère ses activités en Arabie saoudite, délocalisant ses émissions de CO2 sans s'encombrer de contraintes environnementales mais sans perdre ses précieux quotas de CO2...

La Commission européenne refuse que les Etats changent ainsi les règles du jeu.
Comment espérez-vous la convaincre ?

Fabienne Keller — L'Europe laisse à chaque pays le soin de répartir son enveloppe de quotas. La sous-dotation des nouveaux entrants est donc un problème national, et non communautaire. Par ailleurs, la Commission a laissé la possibilité aux pays de rendre payants une petite partie des quotas dès 2008, même si la France avait décidé de ne pas le faire. On ne fait qu'anticiper ce qui deviendra la règle en 2013. Ces mesures respectent l'esprit du marché carbone. La Commission ne peut pas s'y opposer.

Craignez-vous de rendre les industriels français furieux ?

Fabienne Keller — Nous avons déjà eu l'occasion d'étudier ces propositions avec les représentants du patronat. Bien sûr que les industriels y sont extrêmement défavorables. Mais c'est indispensable.

Dans l'édition du Monde daté 27.11.10

samedi 27 novembre 2010

Versailles


















Vague de grand froid annoncée ;
Hébergement d'urgence saturé ;
Le 115 n'en peut plus...

— On fait quoi ?


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jeudi 25 novembre 2010

La Société de géographie décerne son Grand - Prix au professeur Claude ALLÈGRE





Samedi prochain 27 novembre, la Société de géographie décernera son Grand-Prix à Claude Allègre.

Un mois plus tôt, le 26 octobre, l'Académie des Sciences rendait public son rapport (très nuancé) sur le changement climatique.

Curieusement, la plupart des journaux ont présenté ce rapport comme un désaveu de Claude Allègre et des "climato-septiques" :
Mais la réalité est beaucoup plus nuancée.

Sur 12 pages (ci-dessous), le rapport de l'Académie des sciences énonce d'abord toute une série de faits qui ne sont nullement contestés par les "climato-sceptiques" :
  • le CO2 est un gaz à effet de serre, parmi tant d'autres ;
  • la teneur de CO2 dans l'atmosphère augmente ;
  • cette augmentation est principalement due aux activités humaines, directement (par combustion des ressources fossiles) ou indirectement (par la déforestation).
En réalité, les objections de Claude Allègre n'ont jamais porté sur ces points mais sur la relation de cause à effet entre l'augmentation du taux de CO2 dans l'atmosphère et l'évolution de la température terrestre, telle qu'elle est mesurée.

Et sur ces deux points (évolution climatique & relation causale t°/CO2), le rapport de l'Académie des sciences reste, à mes yeux, d'une prudence de Sioux :
  • d'une part, l'évolution de la température relatée dans le rapport se limite à une période allant de 1975 à 2003. Curieux, car la hausse des émissions de CO2 d'origine anthropique a débuté avec la révolution industrielle, il y a plus d'un siècle et demi ! Visiblement, la hausse des températures n'est plus observée depuis 2003 -- ce qui n'efface pas l'hypothèse d'un réchauf-fement global mais fragilise la démonstration, comme le révélait la réunion du GIEC à Genève en septembre 2009 (réf.) ;
  • d'autre part, le rapport de l'Académie fait un inventaire détaillé des multiples causes qui pourraient influencer l'évolution du climat mais dont les mécanismes restent aujourd'hui encore, insuffisamment ou imparfaitement décrits par la science. Ainsi par exemple, la formation des nuages, l'influence de l'activité solaire, le rôle thermo-dynamique des océans sont encore des champs en friche de la connaissance scientifique.
Bien loin d'estimer que le débat est clos, le rapport de l'Académie des sciences souligne au contraire l'importance des questions scientifiques qui restent à explorer pour consolider nos prévisions climatiques à moyen et à long terme.

Certes, le texte de l'Académie affirme que le réchauffement observé entre 1975 et 2003 est principalement du à l'augmentation du CO2 dans l'atmosphère. C'est du reste, la seule phrase qui interpelle les climato-sceptiques dans ce rapport de 12 pages. Mais la formulation est moins nette que la thèse du GIEC (essentiellement ou majoritairement) et laisse la porte ouverte à l'impact d'autres facteurs dans l'évolution climatique constatée sur cette période.

D'ailleurs, la revue scientifique Nature ne s'y est pas trompée. Dans un bref commentaire sur son blog, Nature préfère parler de la French climate farce (trad. fr), plutôt que de trancher entre les différents protagonistes de la controverse. Les journalistes du Monde et de Libération feraient bien de s'inspirer de cette prudence dans leurs commentaires toujours à charge contre le "scepticisme" climatique (traduire : doute scientifique) de Claude Allègre et de Vincent Courtillot.

Ci-dessous, rapport (12 pages) de l'Académie des sciences et interview de Vincent Courtillot pour l'émission Science publique - France Culture de Michel Alberganti



Interview de Vincent Courtillot (26 min.) par Michel Alberganti relatant la journée de débats du 20 sept. à l'Académie des Sciences, pour l'émission Science publique - France Culture :


Science Publique: Vincent Courtillot
envoyé par franceculture.

lundi 22 novembre 2010

TVA sur le "livre numérique" : un fichier est-il un produit culturel ?

Un fichier numérique est- il un produit culturel ? Le taux réduit sur le "livre numérique" voté par le Sénat cet après-midi est une très mauvaise idée.

Par "livre numérique", on entend un fichier (de formats divers et variés) destiné à des appareils de lecture (de formats divers et variés, formats propriétaires le plus souvent).

Un fichier numérique N'EST PAS pas un livre. Surtout quand RIEN ne garantit au lecteur final la COMPATIBILITÉ entre les formats de fichiers et les différents appareils de lecture !

Coïncidence ? Cet amendement est adopté au lendemain du lancement du Fnacbook, dont on sait qu'il est délibérément incompatible avec le support de lecture le plus vendu dans le monde : le Kindle d'Amazon.

En ces temps de déficit budgétaire abyssal (152 milliards d'€uros pour 2010) les Sénateurs n'ont-ils rien de mieux à faire que supprimer des recettes de TVA pour des motifs fort discutables ?

Plus généralement, les parlementaires ne devraient-ils pas rester à l'abri des lobbys industriels qui manœuvrent pour optimiser leurs revenus et imposer leurs formats ? Nos parlementaires ne seraient-ils pas plus utiles à garantir la compatibilité des appareils et des formats pour les utilisateurs finaux ?

Non, un fichier numérique INCOMPATIBLE n'est pas un produit culturel !

En revanche, le format CD pour la musique et le format DVD pour le cinéma sont bien des formats compatibles... Qu'attend-on pour réduire leur TVA, comme pour les autres produits culturels ? Pour le financer, il suffirait de rétablir le taux normal de TVA sur la restauration.

dimanche 21 novembre 2010

Devinez pourquoi GOOGLE émet ses factures depuis l’Irlande ?

Les contribuables européens vont payer pour sauver les banques irlandaises
— à lire sur Coulisses de Bruxelles, le blog de Jean Quatremer —


Devinez pourquoi Google émet ses factures et ses paiements depuis l’Irlande ? C'est à Dublin qu'est installé son centre de gestion pour toute l’Europe : impôt sur les sociétés proche de zéro, un vrai paradis fiscal.

Cet après-midi, un conclave de ministres des finances européens vient de décider de voler au secours de l'Irlande dont le déficit budgétaire atteint des fonds abyssaux (32% du PIB).

Facture : entre 80 et 90 milliards d'Euros piqués* dans la poche du contribuable européen lambda, le péquin moyen comme vous et moi...

Jusqu'ici, tout va bien... Si au moins ce nouvel épisode de vertige monétaire permettait de rapprocher les politiques fiscales au sein de l'Union européenne... mais j'en doute, hélas.

* : on dit "empruntés" en langage diplomatique du FMI et de la BCE... Mais si l'affaire tourne mal, le résultat est le même !

Lire sur le blog de Jean Quatremer : Les contribuables européens vont payer pour sauver les banques irlandaises
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jeudi 18 novembre 2010

Remaniement : les femmes, seule incarnation de la diversité, par Azouz Begag



Tribune d'Azouz Begag dans

« Le remaniement ministériel auquel nous venons d'assister marque un tournant dans la conception sarkozyste de la diversité. Rama Yade et Fadela Amara sont remerciées. Elles étaient sans doute devenues des minorités trop visibles aux yeux de ceux-là mêmes qui les ont promues.

« Trop causantes, aussi, même si l'ancienne responsable de l'association Ni putes ni soumises n'avait pas manqué d'affirmer son soutien à Brice Hortefeux lors de son dérapage raciste contre les Auvergnats, qui lui valut une condamnation pour injures raciales. Sa collègue secrétaire d'Etat aux aînés, Nora Berra, avait aussi apporté son soutien au ministre de l'intérieur, soucieux d'être légitimé par ses collègues de la diversité.

« Nora Berra reste membre du gouvernement Fillon 2. Sans doute pour sa discrétion et son humilité médiatique... et elle incarnera avec Jeannette Bougrab cette troublante diversité qui accompagnera l'équipe gouvernementale au combat jusqu'à la présidentielle. Des femmes remplacent des femmes. Il faut s'interroger sur cette façon de féminiser l'intégration des minorités en politique. Ce n'est pas fortuit si ce ne sont que des femmes issues de l'immigration que Nicolas Sarkozy a promues au gouvernement.

« Cet affichage doit satisfaire l'électorat majoritaire pour qui les femmes d'origine immigrée ont une meilleure image que les hommes. Elles inspirent moins d'inquiétude. "Elles présentent bien, elles présentent mieux", entend-on ici et là. Il n'est en aucun cas destiné aux minorités visibles qui participent encore peu aux consultations électorales. En octobre 2009, en Autriche, la campagne avait montré que le chef du Parti de la liberté (FPÖ) n'avait cessé de stigmatiser les immigrés musulmans par le biais d'un slogan "Sécurité pour les femmes libres !", qui excluait à ses yeux celles qui portent le voile. La tendance est claire dans nombre d'autres pays européens.

« Au sein de la population arabo-musulmane de France, cette féminisation exclusive de l'intégration des minorités passe mal. Elle a un goût amer de provocation. Elle symbolise aux yeux de beaucoup une émasculation, une volonté de créer une image de vous qui vous paralyse, qui vous fait honte de ce que vous êtes, tellement elle est mauvaise... Cette image négative crée de la colère et de la violence. La tendance est claire depuis 2007. Il faut se remettre en tête, durant la campagne présidentielle, l'intervention télévisée du 5 février 2007 du candidat de l'UMP à propos des moutons égorgés dans les baignoires, la polygamie et l'excision des filles : elle visait les hommes musulmans.

« Ainsi, la conception caricaturale, manichéenne qui voudrait séparer le bon grain de l'ivraie, la "racaille" - les garçons -, des travailleuses méritantes, "ni putes, ni soumises", incarnation de l'excellence du modèle méritocratique, dévoile la production d'un discours sur l'islam dans lequel la femme serait la digne Marianne, et le mâle un proxénète barbu et macho en puissance. Au demeurant, une menace potentielle pour l'équilibre et la tranquillité nationale.

« Lors de la campagne de 2007, c'est Rachida Dati que Nicolas Sarkozy a choisie comme porte-parole de campagne au côté de Xavier Bertrand. Elle deviendra ministre de la justice. En réponse, dans le camp socialiste, Ségolène Royal choisira Najat Belkacem, proche du maire de Lyon. En avril, c'est encore une femme, Jeannette Bougrab, qui était nommée à la tête de la Halde, alors que l'ex-président de SOS-Racisme Malek Boutih était candidat. Elle deviendra ministre. Si à l'Assemblée nationale, parmi les 577 députés, il n'y a aucun "représentant" d'origine maghrébine, au Sénat tous les sénateurs issus de l'immigration sont des femmes.

« Cette féminisation de l'élite politique issue de la diversité a accru le sentiment d'éviction des jeunes Arabes, alors que depuis trois décennies ce sont eux qui subissent la plus grosse charge des vexations, des humiliations et des violences sociales et économiques.

« Ces nominations marquent une nouvelle étape dans les prérequis exigés des enfants de l'immigration désireux de faire carrière en politique : qu'ils soient des minorités invisibles et silencieuses. C'est ce que la société d'accueil demandait à nos parents arrivés en tant que force de travail dans les années d'après-guerre ! Ce qui s'appelait alors raser les murs. 2011 sera l'année de tous les risques d'exacerbation identitaire. Les provocations de tous bords ont déjà commencé. Après avoir été louée et chantée à tue-tête, la diversité est désormais orpheline en politique. Le terrain est libre pour le déclenchement des hostilités contre les autres. »

Azouz Begag, chercheur au CNRS, labo prefics, université Rennes-II, ancien ministre de l'égalité des chances.
Tribune parue dans Le Monde du 19.11.10
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lundi 15 novembre 2010

Cumul de mandats & conflit d'intérêt : connaissez-vous Philippe Richert ?

Mise à jour du lendemain :
Philippe RICHERT confirme dans les Dernières Nouvelles d'Alsace de ce matin qu'il cumulera les fonctions de :
— président du Conseil régional d'Alsace et de
— ministre chargé des collectivité territoriales.
Lire son interview au commentaire n°1.

Philippe Richert
vient d'être nommé ministre chargé des collectivités territoriales dans le gouvernement dit Fillon III. Jusqu'ici, Philippe Richert n'était que sénateur du Bas-Rhin à mi-temps et président du Conseil régional d'Alsace à mi-temps.

Nommé ministre, Philippe Richert abandonnera nécessairement son mandat de sénateur. Mais lâchera-t-il son mandat de président du Conseil régional d'Alsace ? Rien ne l'y oblige. Je l'ai interrogé hier soir sur son mur Facebook mais sa réponse tarde un peu. Suspense... Ministre des collectivités territoriales et Président d'un conseil régional... Les risques de conflit d'intérêt sont soulignés par les militants de l'UMP eux-même.

Dans le même registre, on sait déjà qu'Alain Juppé a choisi de rester maire de Bordeaux à mi-temps, en même temps que ministre de la Défense ... à mi-temps, donc.

En Alsace, si Philippe Richert, ministre décidait de démissionner de la présidence du Conseil régional, il est vraisemblable que son 1er vice-président André Reichardt prendrait sa place. Mais ce dernier est aussi celui qui devrait le remplacer... au Sénat ! Mise à jour : info confirmée par les DNA ce soir. Ah, le joli jeu des chaises musicales dans la démocratie représentative ;-)

Dans cette hypothèse, André Reichardt décrocherait le pompon du cumulard toute catégorie puisqu'il deviendrait à la fois :

lundi 8 novembre 2010

Logement : les associations alertent à nouveau

Source : Mediapart

Le pont des Arts, pont des amoureux, s'est transformé le temps d'une journée en pont des mal-logés. Le campement n'aura pas tenu longtemps: vendredi 5 novembre vers 20h15 la police est intervenue pour démonter les 31 tentes rouges installées par les 31 associations de lutte contre le mal logement, posées le matin même sur ce pont situé face au Louvre à Paris. Et ce afin d'interpeller le gouvernement sur ses «promesses non tenues». Un rendez-vous avec le premier ministre a été fixé en début de semaine prochaine.

«On est satisfaits du rendez-vous mais on aurait pu se passer de la petite séquence CRS. Dans le fond, on aurait préféré ne pas avoir à venir du tout sur le pont des Arts», a déclaré à l'AFP M. Angotti, s'exprimant au nom du Collectif (LDH, Emmaüs, Secours catholique, fondation Abbé-Pierre, etc.)

L'objectif de cette journée d'action? «Remettre la question de la lutte contre les exclusions et le mal logement en haut des priorités de l'État, pour sortir de l'impasse ceux qui souffrent de la crise du mal logement dans notre pays», a expliqué Christophe Robert, délégué général adjoint de la fondation Abbé-Pierre. Il s'agit de «tirer la sonnette d'alarme, de mettre sur un pont et pas dessous, au cœur de Paris» ce problème de la crise du logement. «Les associations ne pourront pas gérer la crise continuellement comme ça.»


Mal logement: les tentes du Pont des Arts avant évacuation
envoyé par Mediapart. - L'info video en direct.

Quatre ans après l'installation de quelque 200 tentes sur les berges du canal Saint-Martin à Paris, puis un peu partout en France, les propos sont très amers: «Vous allez voir que dès l'arrivée des grands froids les ministres – si ce n'est pas le président de la République – vont se précipiter dans un foyer d'hébergement pour plaindre le sort des sans-abri, mais derrière ça ne suit pas, les associations n'ont pas été subventionnées à hauteur des besoins», soutient Jean-Yves Cottin, s'exprimant au nom du Comité des sans-logis.

«Nicolas Sarkozy, c'est celui qui a dit pendant la campagne “Je veux – si je suis élu – que d'ici deux ans plus personne ne dorme à la rue”, il a dit ça en hiver avec des larmes de crocodile, et depuis il a été élu et il a fait augmenter les prix», rappellera Julien Bayou de Jeudi Noir, venu en soutien. Ce dernier dénonce notamment une «contre-politique du logement des apprentis pyromanes du gouvernement» qui préfèrent «baisser les crédits, ne pas respecter la loi SRU (les 20% de logements sociaux), vider le droit opposable de son efficacité, soutenir sans réfléchir l'accession à la propriété qui fait augmenter les prix».

Etienne Pinte (député UMP) est passé dans la matinée pour les soutenir. «Tout le travail qu'il a fait pendant six mois a été mis aux oubliettes, il est vraiment très déçu et essaye d'interpeller de son côté comme il peut, mais ça va être compliqué de le faire dans sa majorité sachant que c'est aussi compliqué d'interpeller à gauche sur ces questions», dira Augustin Legrand, venu sous la casquette de président des Enfants de Don Quichotte (et non en tant que conseiller régional Europe Ecologie pour l'Ile-de-France), regrettant l'absence des grands partis de l'opposition lors de cette journée d'action hautement symbolique.

Hugo Vitrani, stagiaire à Médiapart, le 8 novembre 2010

lundi 1 novembre 2010

Biodiversité sauce Nagoya : la Nature n'a pas de prix, vendons-la quand-même !



Curieux satisfecit sur les "accords" de Nagoya depuis trois jours...

De Chantal Jouanno, secrétaire d'État UMP à Sandrine Bélier, député européen Europe Écologie en passant par Yann Wehrling, porte-parole du Monde parallèle (MoDem) tout le monde semble satisfait... mais satisfait de quoi ? Même Libération participe au concert unanime : Nagoya est un succès, qu'on se le dise !

Trois jours après la clôture de COP 10, je recherche toujours le texte de cet accord... introuvable. Si un de mes lecteurs sait où il se trouve, les commentaires sont ouverts ;-) Merci d'avance.

À défaut du texte pour apprécier le contenu de cet accord et ce qu'en disent médias & politiques unanimes, je me suis rabattu sur le podcast de Terre à terre, l'émission de Ruth Stégassy sur France Culture, tous les samedi entre 7h05 et 8h.

Je vous recommande d'écouter son émission sur Nagoya, tant elle pose d'excellentes questions. En attendant, je cherche toujours le texte de l'accord tant salué... Télécharger le MP3 ici.

Lire aussi les textes d'Agnès Bertrand et Françoise Degert :
- Nagoya : le bal des financiers sur Le Monde.fr, le 21 octobre 2010 et
- La finance à l'assaut de la biosphère sur Libération.fr, le 29 juin 2010.

« Le problème de cette nature,
c'est qu'elle est gratuite »

Hélène Leriche
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mercredi 27 octobre 2010

Auditions publiques pour la prévention des conflits d'intérêts dans la vie publique

Et si le cumul des mandats était le 1er conflit d'intérêt ? Le plus courant et le mieux partagé.

Audition publique de François BAYROU par la Commission de réflexion pour la prévention des conflits d'intérêts dans la vie publique, mardi 26 octobre.


Voir aussi les 25 autres auditions parmi lesquelles Martin HIRSCH, ancien haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté et auteur du livre Pour en finir avec les conflits d'intérêt, Élisabeth GUIGOU, ancien Garde des Sceaux représentant Martine AUBRY, François de RUGY, député de Loire Atlantique représentant Cécile DUFLOT, Jean-Pierre JOUYET, président de l'Autorité des marchés financiers, etc.

dimanche 24 octobre 2010

Saint – Raymond SOUBIE, priez pour nous... et pour nos retraites.


Le dimanche
à l'heure de la messe, il y a le Grand rendez vous de Jean-Pierre Elkabbach sur l'antenne d'Europe 1.

Et ce matin, Elkabbach recevait Raymond Soubie, ministre de Rien-du-tout, éminence grise chargée des questions sociales dans les couloirs et les antichambres de la République sarkoziste.

Un autre conseiller "spécial" de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant est un habitué des micros d'Elkabbach mais pour Raymond Soubie, c'était une première. Et pour une première, c'était plutôt une dernière car à 70 ans, Raymond Soubie s'apprête à tirer sa révérence.

Dans le studio d'Europe 1, le ban et l'arrière-ban gouvernemental étaient venus saluer son départ : Éric Woerth lui-même, Georges Tron, Nadine Morano, Laurent Wauquiez, Benoist Apparu, Nora Berra, Rama Yade, etc. Ils étaient tous là, ou presque.

Curieux spectacle pour un démocrate attaché à la démocratie parlementaire, au dialogue social et à la responsabilité gouvernementale mais occasion rêvée pour entendre le principal conseiller de Nicolas Sarkozy sur la réforme des retraites.

Et on n'a pas été déçu, comme avec cet échange à la minute 30:00 (cliquez ici pour écouter) concernant la principale injustice de cette réforme : le report de l'âge légal à 62 ans, déséquilibre au détriment* de ceux qui sont entrés les plus jeunes dans la vie active, ayant pour effet d'épargner* tous les autres.

— Verbatim —

Marc LOMAZZY, Le Parisien — Une question sur les perdants de cette réforme, tout de même... Est-ce que ceux qui ont commencé à travailler très jeunes, avant 18 ans et les séniors qui sont souvent exclus de l'entreprise très vite, est-ce que ce ne sont pas les grands perdants de cette réforme ?

SAINT-RAYMOND Soubie — Non, non, euh... Sur la première catégorie euh... ma réponse est catégorique : non. Puisque tous les jeunes entrés avant 18 ans euh... sur le marché du travail euh... seront exclus de cette réforme c'est à dire continueront à partir à 60 ans ou avant 60 ans donc les problèmes euh... ne se posent pas pour eux. Chaque année, il y en a 90.000 dans ce cas sur une cohorte (sic) de gens qui partent à la retraite de 700.000.

Fabien NAMIAS, Europe 1 — Mais ceux... Pour être précis car tout le monde à bien ça en tête : ceux qui ont commencé à travailler à 18 ans travailleront jusqu'à 62 ans, c'est à dire cotiseront 44 ans.

SAINT-RAYMOND Soubie — Oui, tout ceux qui auront euh...

Fabien NAMIAS, Europe 1Plus que la durée légale...

SAINT-RAYMOND Soubie... plus que la durée euh... plus que la durée légale, vous avez raison, mais euh... c'est une situation qui se retrouve dans la quasi totalité des pays d'Europe** et même à des niveaux euh... beaucoup plus élevés** et euh... l'autre choix, si l'on n'avait pas fait ça, aurait consisté à mettre la durée de cotisation en 2020 non pas à 41 années et demi mais justement à 44 ans. On aurait eu le même résultat.

Jean-Pierre ELKABBACH, Europe 1 — Mmmm... (...)

— Fin de l'échange —

Après les rafistolages, les erreurs de calculs et malgré les évidences arithmétiques, on le sait enfin... Nicolas Sarkozy a préféré décaler l'âge légal de 2 ans plutôt qu'augmenter la durée de cotisation de 2 ans ½, ce qui aurait produit le même effet sur l'équilibre financier des retraites, dixit Raymond Soubie.

Pourquoi et comment en est-on arrivé à cette querelle idéologique absurde qui oppose le recul de l'âge légal (défendu par la Droite) et l'augmentation de la durée de cotisation (défendue par la Gauche) ?

  • le recul de l'âge légal pénalise tous ceux qui ont commencé à travailler tôt (avant 20 ans : 20 + 42 = 62) et épargne tous les autres, voir démo ici ;

  • l'augmentation de la durée de cotisation pénalise ceux qui ont fait des études et qui ne sont entrés qu'après 20 ans dans la vie active.
Dès lors, un juste équilibre de la réforme n'imposait-il pas de jouer sur les deux paramètres en même temps, afin de répartir équitablement les efforts de financement ? En outre, une telle option aurait permis de réduire le décalage de moitié, soit un an seulement.

En reportant l'âge légal à 61 ans et en
augmentant la durée de cotisation à 43 ans,
la réforme aurait été mieux financée,
plus équitable et plus pérenne
à moyen et à long terme.


C'était une de mes 5 propositions soumises au Conseil national du MoDem le 26 juin. Ce Conseil s'étant réuni (comme tous les autres) à huis clos, j'ignore si ma proposition y a été débattue et les motifs de son rejet. Si un Conseiller national du MoDem peut me renseigner à ce sujet, les commentaires sont ouverts ou par mail envoyé à :

pierre [point] schweitzer [at] laposte [point] net

Merci d'avance.

* : avis personnel et je n'ignore pas que cette injustice majeure, martelée par TOUS les syndicats depuis le 1er jour et démontrée plusieurs fois sur ce blog, n'est pas diagnostiquée par le Mouvement démocrate, hélas.

** NDLR : si l'âge de départ est supérieur à 60 ans dans la plupart des pays d'Europe (sauf la Belgique), la durée de cotisation est très inférieure à ce qu'elle est en France.

jeudi 21 octobre 2010

Chronique de Luc Ferry, le Figaro du 21 octobre 2010

« Claude Allègre, après la tem­pête déclenchée par son li­vre, L'Imposture climati­que, a décidé de renouer avec des actions positives en créant une fondation pour l'éco­logie. Il m'a demandé d'en faire par­tie. J'ai accepté et, depuis lors, je suis assailli par une cohorte d'indignés qui m'incitent ardemment à ne pas m'afficher avec un homme aussi po­litiquement incorrect. Corinne Lepage a publié sur son blog un édito ra­geur qui dénonce cette connivence coupable et accuse mon propre livre, Le Nouvel Ordre écologique, d'avoir fait « perdre vingt ans » aux progrès de l'écologie politique en France. Rien que ça ! C'est me faire beaucoup d'honneur.

« C'est surtout se tromper du tout au tout sur le sens de mes interventions. Loin de lui être hostiles, elles en appellent au contraire à la création d'une écologie scientifique et huma­niste enfin débarrassée des oripeaux du gauchisme. Comme Allègre n'a cessé de le dire, le terme « d'imposture » ne visait dans son esprit ni les écologistes authentiques ni a fortiori les scientifiques. Il portait sur deux points - et dans les deux cas, je suis convaincu qu'il a raison. C'est donc sans le moindre état d'âme que je persiste et signe. Voici pourquoi.

« En premier lieu, il me semble en effet aberrant de prétendre prédire le climat général de la planète dans un siècle, attendu que nous n'avons pas la moindre idée de l'état de l'huma­nité dans trente ans. Y aura-t-il eu des guerres, des progrès démocrati­ques ou technologiques insoupçon­nés, de nouvelles sources d'énergie découvertes ou mises au point ? Nul n'en sait rien. On objectera que c'est justement pour ça qu'il faut appliquer le principe de précaution. Erreur fu­neste. Il faut au contraire innover, inventer, prendre des risques intel­lectuels et politiques comme jamais.

« Pourquoi ? Mais parce que, de toute façon, nous n'avons, nous les Européens, aucun moyen ni aucun droit d'empêcher l'Inde et la Chine d'entrer, comme nous l'avons fait nous-mêmes sans vergogne, dans l'ère de la consommation de masse. Ce n'est pas en saccageant la recher­che sur les OGM ni en limitant notre développement qu'on sauvera la pla­nète, car nous ne stopperons pas le leur, mais en inventant des moyens de les aider à le conduire sans dévas­ter le monde. On objectera que c'est un pari risqué. Sans doute. J'affirme seulement que de là où nous sommes, c'est-à-dire en Europe, il n'en est rigoureusement aucun- autre. Il est ab­surde d'imaginer que, de Paris ou de Bruxelles, nous allons freiner la crois­sance des nouveaux entrants. Or c'est pourtant là l'essentiel du problème. Si une chose est juste dans le Grenelle cher à Jean-Louis Borloo, c'est bien celle-ci : c'est en intégrant l'écologie à l'économie, en investissant dans la recherche et l'innovation qu'on protégera l'Univers, pas en nous infligeant des taxes ni en cultivant le my­the de la décroissance.

« Dans ces conditions, et telle est la seconde imposture pointée par Allè­gre, c'est une faute de persuader nos dirigeants que la priorité des priorités réside dans le changement climati­que. Un enfant meurt de malnutrition toutes les six secondes. Cela se passe aujourd'hui, ici et maintenant, sans que nos politiques s'en émeuvent. Mais pour en rester à la seule écologie, la question démographique et celle de l'eau sont à l'évidence autrement plus urgentes que celle du climat. Pour­quoi laissent-elles de marbre nos diri­geants, alors que les travaux du Giec réunissent une centaine de chefs d'État à Copenhague autour de l'ave­nir du protocole de Kyoto ? Face à cette logique médiatico-politique exorbitante, tous les autres sujets semblent avoir disparu comme par magie. Est-ce raisonnable ? C'est ici toute la question de la hiérarchisation des priorités en matière d'écologie qu'il faut reprendre à la racine.

« Devant ces distorsions de la réalité, la question décisive est la suivan­te : jusqu'à quand allons-nous conti­nuer à accepter que l'écologie soit guidée au seul radar de l'émotion mé­diatique ? Qu'il y ait eu, de part et d'autre, des maladresses et des excès est bien possible, et sans doute regret­table. Du reste, Claude Allègre n'en fait pas mystère : son combat pour rouvrir une discussion qui était ver­rouillée est maintenant derrière lui. Depuis plus de vingt ans, nous plai­dons l'un comme l'autre pour une ré­conciliation de l'écologie, de la démo­cratie et de la science. Là est l'essentiel, et sur ce terrain, je vois mal à quel titre les écologistes et les scientifiques authentiques pourraient ne pas nous rejoindre. »

Luc FERRY, Le Figaro du jeudi 21 octobre