jeudi 2 avril 2009

Quand Barack s'en mêle ... La crise, encore.

Exploration sceptique
de la crise :
suite.

Alors que le ciel de Strasbourg s'anime d'un ballet d'hélicos de l'US Air-Force à l'approche du sommet de l'OTAN qui s'ouvre demain, Barack Obama vient de prendre position sur les aides accordées à l'industrie automobile américaine, et d'une façon qui tranche singulièrement avec le chèque en blanc accordé par Nicolas Sarkozy à Renault et PSA – 3 milliards + 3 millards = ?

Vingt-quatre heures après avoir viré le patron de General Motors, Barack Obama a rejeté lundi les nouvelles demandes d'aide financière de GM et de Chrysler en leur demandant de revoir leurs plans de relance et en évoquant la possibilité d'une procédure de faillite pour mener à bien leur restructuration.

Même Michael Moore n'en croit pas ses oreilles.
Il déclare sur son blog :
« Je ne peux tout simplement pas y croire. Ce geste stupéfiant, sans précédent, m'a laissé sans voix.

« Je n'arrête pas de répéter: Obama a vraiment viré le patron de General Motors ? L'entreprise la plus riche et la plus puissante du XXe siècle ? Il peut vraiment faire ça ?

« Obama décrète ainsi que le gouvernement de, par, et pour le peuple est aux commandes. Pas les grosses entreprises. (...)

« Des milliers de salariés ont été détruits par les licenciements chez GM. Et pas un n'aurait cru voir un jour le PDG subir le même sort (...) »

À Strasbourg
, une succursale de General Motors connait des difficultés depuis fin 2007 au moins. La 'crise' d'aujourd'hui a bon dos... Les vieilles industries paresseuses méritent-elles vraiment d'être renflouées à fond perdus, alors qu'elles font si peu d'efforts pour répondre aux défis énergétiques de notre époque ?

Car depuis trop longtemps, l'industrie automobile américaine avait abandonné toute velléité d'innovation, se transformant en de vulgaires 'centres de profit' comme on di(sai)t dans les écoles de management. Relooker de monstrueux 4x4 énergivores et rutilants de chrome, pour des marchés de niche de happy few fortunés, voilà qui permet sûrement d'atteindre des taux de rentabilité à 2 chiffres à court terme. Mais au risque de s'endormir sur des acquis, de pertes de part de marchés au profit de constructeurs européens ou asiatiques plus agiles, plus sobres.

Pour le président des États-Unis, pas question de continuer à investir des fonds publics dans ces entreprises privées — fussent-elles les fleurons de l'industrie américaine du XXème siècle — sans avoir approuvé au préalable leurs plans de restructuration. Lors d'un discours à la Maison-Blanche, Obama déclare sans embage : « Nous ne pouvons pas continuer à pardonner de mauvaises décisions. Et nous ne pouvons pas laisser la survie de notre industrie automobile dépendre d'un flot ininterrompu d'argent du contribuable. »

En son temps, l'industrie automobile made in France avait su prendre les virages nécessaires, en renouvelant radicalement ses gammes pour les adapter à l'évolution de nouveaux besoins en terme de transport et de mode de vie, avec les "concept-cars" qui ont donné naissance à la Renault Espace ou à la Twingo par exemple. C'était il y a... longtemps ! Une éternité, presque :-) Quoi de neuf depuis ?

Les défis énergétiques et climatiques, l'urbanisation galopante autour des métropoles européennes devraient appeler de nouveaux concepts, de nouvelles propositions d'usage en terme de transports individuels et de nouveaux équilibres avec les transports collectifs en site propres. Les constructeurs européens sont loin d'avoir entamé ce virage !

Nicolas Sarkozy est bien imprudent d'octroyer ces aides par milliards à des constructeurs si peu enclin à innover, dopés qu'ils sont déjà par les aides indirectes : primes à la casse, bonus-malus écologique. D'ailleurs, le marché de mars est en hausse ! Mais rien qui produise des effets concrets sur le renouvellement des gammes ou des motorisation. S'il existe une crise sur le marché de l'automobile en France, c'est d'abord la crise d'un déficit dramatique d'innovation.

Et en attendant, ce sont les Chinois qui nous annoncent la première voiture hybrique à 5.000 euros, une petite voiture électrique urbaine dotée d'un petit réservoir de 5 litres d'essence, juste pour ne pas tomber en rade en pleine campagne (source : Corinne Lepage à la Convention européenne).

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