vendredi 27 juin 2008

Giscard l'Européen

C'était mardi matin dans le Sept Neuf de Nicolas Demorand : l'avenir européen selon VGE -- cliquer sur l'image pour la vidéo. Mes commentaires et la suite sont en dessous.


À la suite du 'non' irlandais, Giscard évite soigneusement deux écueils : celui du rafistolage et celui de la dramatisation. Selon lui, le Traité de Lisbonne peut encore être ratifié, sans faire injure à la démocratie. Si les Irlandais souhaitent des garanties supplémentaires ou des exceptions, alors elles peuvent être négociées, comme cela a déjà été fait - pour l'Irlande, pour le Danemark, pour l'Angleterre.

Comme souvent, les réponses de Giscard (83 printemps) sont précises et parfois désarmantes. Il va jusqu'à remettre en cause certains discours médiatiques - ledit Traité simplifié était en réalité une formule de Nicolas Sarkozy, reprise en chœur par les médias, sans aucun esprit critique. S'appuyant sur deux sondages sortie des urnes en Irlande, Giscard démontre de façon relativement convaincante (à vous de juger) qu'une issue démocratique est encore possible pour ratifier le Traité de Lisbonne.

Dans une interview à l'Express cette semaine, Giscard se montre encore plus cinglant. Trois coups de griffe contre l'Angleterre - à demi-sortie de l'UE ! - qui souhaite imposer ses vues à ses partenaires alors qu'elle ne participe ni à l'espace Schengen, ni à la zone Euro, tout en étant dispensée de l'application de la Charte des droits fondamentaux.

N'épargant pas non plus ses lointains successeurs, Giscard rend hommage à H. Kohl et à F. Mitterrand, le dernier couple leadership du projet européen. Et sans vouloir s'exprimer sur Nicolas Sarkozy, Giscard déclare, en creux : « Angela Merkel me parait être un véritable leader politique en Europe. »

Je tire de cette interview un court extrait en renvoyant, pour la suite, à la lecture de l'Express du 26 juin.

L'Express : Quel sera l'enjeu des élections au Parlement européen de juin 2009?

Giscard : « Ce devrait être de grandes élections, jouant un rôle de clarification. En 1999 et en 2004, les scrutins européens ont été obscurcis par les élargissements en cours et par les manoeuvres internes au Parlement (...) Cette fois, les élections devraient être tournées vers l'avenir. Il serait souhaitable que les partis se prononcent sur quelques sujets majeurs (...) Que les citoyens votent en juin sur ces sujets ! Car on ne bâtira pas l'avenir de 500 millions de personnes par des négociations diplomatiques. Nous ne sommes plus au temps de la Sainte-Alliance. »

samedi 21 juin 2008

Siège du Parlement européen à Strasbourg : François Fillon, les pieds dans le plat !

L'occasion était trop belle. Et elle risque d'être trop rare sur ce blog, hélas ! Je tire un grand coup de chapeau à notre Premier Ministre, François Fillon. Ça nous changera des coups de bec et des coups de griffe... ;o)

L'événement est passé presqu'inaperçu, à Copenhague, fin mai. En voyage officiel, François Fillon était venu y rendre hommage au "modèle danois" en compagnie de notre grande argentière, Christine Lagarde.

Lors d'une conférence de presse, une journaliste suédoise l'interroge en s'inquiétant du coût exorbitant, selon elle, des déplacements de haut-fonctionnaires européens entre Bruxelles, Strasbourg et Luxembourg. Ni une ni deux, François Fillon lui répond du tac-o-tac : « Si on ne veut pas déplacer autant de personnes, c'est très simple, il suffit de faire siéger le Parlement européen à Strasbourg de manière définitive ». Chapeau l'artiste !

Enfonçant le clou, Fillon ajoute : « Il faut qu'il y ait une répartition des responsabilités et des activités intérieures à l'Union européenne. L'Union Européenne a été construite sur des accords entre les différents pays. Ces accords n'ont pas été remis en question par les pays membres. Pourquoi est-ce que ce serait insupportable que le Parlement européen soit à Strasbourg ? Je n'y vois aucune raison. On a construit un très grand espace. Il n'y a rien de choquant à ce que la Commission soit à Bruxelles et le Parlement soit à Strasbourg. »

Le maire de Strasbourg, Roland Ries, a aussitôt salué la déclaration du Premier ministre. Se sentant ainsi conforté dans son projet d'Eurodistrict dont l'un des buts principaux est « d'offrir un accueil optimal aux institutions européennes ».

Espérons que, au delà des grands discours, la vocation européenne de Strasbourg soit concrétisée aussi par les décisions et par les actes ! Sur une question de cette importance, toutes les bonnes volontés devraient rassembler leurs efforts, au delà des clivages politiques. Assurément, le Mouvement Démocrate du Bas-Rhin en sera.

Un député européen de Marseille, Jean-Luc Bennahmias, me confiait avant-hier que la SNCF allait mettre en service dans les prochains jours, un TGV direct entre Bruxelles et Strasbourg... Enfin !!!

Transporter de Bruxelles vers Strasbourg les fonctionnaires de la Commission et du Conseil coûtera assurément beaucoup moins cher que d'organiser la navette des 785 députés européens et de leurs assistants parlementaires, dans le sens inverse !

Sources : AFP, 20 Minutes, les Dernières Nouvelles d'Alsace.

PS : Bonne Fête de la Musique à tous !

vendredi 13 juin 2008

« Nil ! No ! » : le Tigre celtique a parlé.

Le Traité de Lisbonne a du plomb dans l'aile... Les Irlandais ont retoqué jeudi le "mini-traité".

Vingt-six États européens avaient choisi la voie parlementaire pour ratifier le Traité de Lisbonne. Parmi eux, dix-huit l'ont déjà fait. Huit pays doivent encore le faire, dont la République tchèque -- très eurosceptique actuellement --, qui a déclaré vendredi qu'après le Non irlandais, "tout était fini". Et la Tchèquie s'apprête à prendre la présidence du Conseil européen à la suite de la France, au 1er semestre 2009... Ambiance. Dans ces conditions, remettre le Traité de Lisbonne debout ne sera pas une chose facile.

L'Irlande est donc le seul pays européen à avoir choisi le référendum pour ratifier Lisbonne. Cette particularité sera lourde de sens dans l'interprétation politique du Non irlandais. Là où les Parlements décident, ça passe. Mais là où les peuples décident, ça casse ! Comme le souligne FB, un fossé se creuse actuellement entre les institutions européennes et les peuples européens. J'ajoute que la réponse des dirigeants européens au Non irlandais risque bien d'élargir ce fossé en aggravant encore l'incompréhension entre les Européens et leurs institutions ! Attention danger : la Commission et la Présidence du Conseil européen devront jouer sur du velours...

L'hypothèse la plus probable semble être un énième rafistolage du Traité -- comment l'appelle-t-on déjà ? Constitutionnel est devenu un gros mot... Mini-traité de 350 pages, alors ? Rafistolage ahurissant, octroyant aux Irlandais des exceptions et des garanties particulières pour répondre aux craintes qu'ils ont exprimées -- à tort ou à raison -- sur leur indépendance, sur leur souveraineté fiscale ou en matière d'avortement ou de divorce. Pour que ce rafistolage ait lieu, les ratifications doivent d'abord se poursuivre sans encombre ce qui, aux dires de la Tchéquie, n'est pas encore gagné... Il faudra ensuite que le peuple irlandais, bonne poire, décide de revoter ce Traité amendé en changeant d'avis une nouvelle fois, comme il l'avait déjà fait en 2001 pour Maastricht ! Scénario grotesque qui me semble hélas, le plus probable.

Car l'arrêt des ratifications semble très improbable. Stopper le Traité de Lisbonne impliquerait une remise à plat totale du projet, pour sortir du calamiteux Traité de Nice, devenu impraticable à 27. Cette hypothèse bouleverserait aussi le programme de la Présidence française du Conseil européen. Qui plus est, une telle pause semble totalement incompatible avec le tempérament du futur Président du Conseil européen, un certain Nicolas Sarkozy :) Hypothèse hautement improbable donc, à mes yeux.

Pourtant, ne serait-ce pas finalement, la meilleure des choses à faire ? Reprendre les choses au départ, repenser et refonder le projet européen, réaffirmer sa vocation et nos valeurs, redéfinir ses moyens et nos méthodes, de façon simple et compréhensible pour tous et donc, plus rassurante pour tous les Européens. L'exigence démocratique l'impose : il nous faut reconstruire le projet européen.

Quoiqu'il advienne du Traité de Lisbonne, les prochaines élections européennes de juin 2009 doivent permettre au MoDem d'engager cette reconstruction nécessaire.

« Il nous revient de penser une Europe nouvelle
et de la faire aimer. »
François Bayrou
à la Maison de la Chimie, le 8 juin 2008.

Voir ici et .

Cliquer ici pour lire les commentaires confortablement.

dimanche 8 juin 2008

Convention sur l'Europe

Retour de Paris par le TGV de 15h24. Trois figures, trois personnalités fortes, trois phrases détonantes qui résonnent encore dans ma tête, après avoir résonné sous le haut plafond orangé de la Maison de la Chimie :

¶ – Emmanuel TODD qui intervenait sur la démographie européenne et en parlant de l'immigration : « Pourquoi voulez-vous faire d'une solution, un problème ? » (ici).

Si la démographie européenne creuse un sérieux déficit à l'horizon de 2050, alors pourquoi ne pas envisager sereinement, les apports migratoires ? Un peu plus tard, Gérard Deprez, président de la commission des libertés civiles au Parlement européen puis François Bayrou souligneront que la responsabilité des politiques consiste aussi à tenir compte du 'seuil de tolérance' des étrangers au sein de la population et du risque de xénophobie.

Mais la responsabilité des politiques n'est-elle pas aussi d'ouvrir les yeux de l'opinion publique face aux réalités démographiques du Monde ?

La question de la Turquie n'a pas été évoquée. Pourtant, l'hypothèse d'une adhésion de la Turquie à l'Union européenne contredirait les chiffres catastrophistes annoncés par les uns et les autres -- la population du Maghreb dépassant celle de l'UE à l'horizon 2050. Sous réserve, bien sûr, que la Turquie puisse satisfaire à tous les critères d'entrée imposés par l'Union européenne !

¶ – François BAYROU évoquant le possible résultat (NON) du référendum irlandais, le 12 juin prochain : « Il n'y aura d'issue que dans une démarche de RECONSTRUCTION. » -- de l'Union européenne ! NDLR. (ici).

Cette phrase m'a scotché sur mon fauteuil. Dans la bouche du fondateur du MoDem, lui-même héritier du MRP auquel adhérait un père fondateur de l'Europe, Robert Schuman, la perspective d'une 'reconstruction' de l'Union européenne sonne comme un coup de tonnerre.

Lors de la présidentielle, François Bayrou avait dit son hostilité à faire adopter par la voie parlementaire, ce que les Français avaient refusé par référendum. Au nom d'un principe démocratique pur, simple et évident.

Alors jeudi prochain, le traité de Lisbonne (dit 'mini-traité') sera-t-il retoqué par les Irlandais ? Et dans ce cas, quelle(s) conséquence(s) pour l'Union européenne ? Rendez-vous ici, dès jeudi, pour en reparler...

Last but not least...

¶ – Eva JOLY, bouleversante. Elle n'a pas prononcé cette phrase mais je résumerais son propos ainsi : « Européens, qu'avez-vous fait jusqu'ici ? » (ici).

Corruption, blanchiment de l'argent sale, etc. Le tableau brossé par Eva Joly est noir, très noir. Elle rappelle que tel dirigeant africain, ayant détourné pour son compte personnel la quasi-totalité des revenus pétroliers de son pays, a pu faire fructifier son pactole sous les bons auspices... de banques européennes, sous couvert de paradis fiscaux et de secrets bancaires !

Elle souligne aussi que le tiers de la somme détournée aurait été suffisant pour que l'OMS fasse en sorte que les femmes africaines n'accouchent pas d'enfants porteurs du VIH.

Son témoignage a été bouleversant. Avec des mots simples, presque hésitants, Éva JOLY conclut par cette phrase : « La lutte contre la corruption est une question aussi importante que l'abolition de l'esclavage. »

Européens, qu'avez-vous fait ?

PS : Retrouvez le verbatim des exposés et les principales vidéos.

Mise à jour du 12 juin : pour un résumé complet, voir l'excellent billet de Nelly Margotton

Qui suis-je ?

Pierre S. n'est pas un pseudonyme. Je me prénomme Pierre. S est l'initiale de mon nom.

J'ai un homonyme célèbre, né à Kaysersberg en Alsace, docteur spécialisé en médecine tropicale, théologien et pasteur à l'église Saint-Nicolas de Strasbourg, prix Nobel de la Paix en 1952 et mort à Lambaréné au Gabon. Vous avez trouvé ? Bravo ! Les robots de Google n'y ont vu que du feu.

Pourquoi cette initiale ? Architecte de formation, j'ai créé une Jeune Entreprise Innovante et je participe à un important projet de R&D labellisé par le Pôle de compétitivité Cap Digital à Paris. Mon activité professionnelle occupe le plus clair de mon temps et elle est parfaitement indexée par tous les moteurs de recherche de France et de Navarre. C'est la raison pour laquelle je ne souhaite pas, pour l'instant, mélanger les torchons et les serviettes.

Mais c'est sans importance puisque tous les militants du MoDem m'auront reconnu, à Strasbourg et ailleurs.

Hopla !

C'est parti... Le blog de Pierre S., militant du Mouvement Démocrate à Strasbourg est ouvert. Un blog sans prétention pour livrer mon point de vue sur l'actualité.

Je forme le vœu que ce blog soit un lieu d'échange original (1), vivant (2) et constructif car c'est tout le sens de mon engagement au MoDem.

Alors, hopla !

Pierre S.

(1) : original car je préfère le silence au copier coller. Qu'on se le dise ! Un homme prévenu en vaut deux :)
(2) : vivant car, comme le laisse entendre le sous-titre de ce blog, je préfère la polémique mesurée à la langue de bois consensuelle. On ne se refait pas !